J'ai donc remis ma mère dans le train samedi
J'ai donc remis ma mère dans le train samedi matin, comme prévu. Soulagé - et de son départ, et du fait que son bref séjour se soit bien passé. Mon homme a été admirable, mettant fin à une guerre froide de plus de 5 ans ; ma mère… égale à elle-même. Presque mielleuse et agaçante dans sa volonté d'être toujours adorable. Tellement habituée à ce qu'on lui dise « Tu es super » qu'elle en rajoute toujours une couche. Et tellement prompte à ressasser les souvenirs d'un bonheur révolu et enterré depuis des années, voyant dans chaque objet une évocation du passé. « Tu te souviens… ? »
J'ai l'impression d'être vache en écrivant cela, mais il est vrai que sa seule présence a le don de me faire hérisser le poil et me mettre le dos en boule. J'espère donc qu'elle n'aura pas été trop enthousiasmée par le bon déroulement de son séjour pour avoir à l'idée de le renouveler souvent.
Le pire étant, je crois, que je me reconnais de plus en plus en elle ; les postures, les silences absents, le phrasé. Je pressens en la voyant ce à quoi mon homme aura à faire face dans quelques années, et cette simple pensée me glace le sang.