C'est parfois cette impression d'avoir tout perdu
C'est parfois cette impression d'avoir tout perdu qui se résume tout entière dans ce soleil d'hiver éblouissant, dans le silence de mon bureau, un dimanche après-midi. Cette impression tenace de voir s'enfuir la vie alors que rien ne permettrait de le dire. La vie entière qui semble se dissoudre dans la lumière finissante, alors que je souriais encore il y a une minute et que je sourirai à nouveau dans un instant peut-être. C'est bête, ces pensées moches qui déboulent tout à coup comme pour combler le vide de nos vies que nous ne parvenons pas à combler autrement, comme pour nous rappeler la vanité, la vacuité de tout cela. Cette putain de mélancolie - je m'y suis assez complu autrefois, ça suffit maintenant. C'est toujours comme ça, comme avant, sauf qu'avant il n'y avait pas ces larmes - parce qu'avant je ne savais pas. Je laisse couler, je laisse pisser ces bavures de mes yeux mouillés, pour un instant, pour cinq minutes, pour tout ce pour quoi elles n'avaient jamais coulé avant.
Et je relève la tête et tente de reprendre le fil.
Putain, et dire que tout va bien, en plus !