La douleur physique, sourde, lancinante,
La douleur physique, sourde, lancinante, omniprésente.
L'abrutissement physique et mental, épuisé par le manque de nourriture depuis cinq jours, par les antibiotiques, par la violence des interventions de ces derniers jours.
Au-delà de l'anecdote - oui, j'ai un abcès dans la mâchoire et on a dû m'arracher la dent en urgence, l'infection s'est propagée de l'oreille à la la gorge - au-delà de l'anecdote, il y a toujours cette évidence du corps vivant qui souffre et nous renvoie à notre solitude. Quels que soient les signes de compassion, de sympathie ou de peine, quels que soient les je te comprends, les mon pauvre, les regards attendris. On n'est plus à l'écoute, on ne peut plus. J'ai du mal à suivre, le ventre creusé par la faim et les tempes taraudées par la douleur que calment à peine ces gélules avalées chaque fois dans une grimace, matin, midi et soir, presque ma seule nourriture.
Et je ne peux pas m'arrêter de vivre pour autant. J'ai arraché à mon client un décalage de la date de livraison pour mon travail en cours et refuse catégoriquement toute autre commande tant que celle-ci ne sera pas terminée.
Je rêve de pouvoir à nouveau rire et manger sans grimacer. Je revois mon dentiste mardi. J'ai faim.