Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Face A
5 février 2006

6

1
J'ai réalisé, il y a quelques années, que j'avais toujours eu énormément de chance. J'ai toujours réussi à obtenir ce que je voulais, je n'ai jamais connu l'échec. Toujours atteint mes objectifs. Toujours été pris pour les emplois auxquels j'ai postulé, réussi tous les concours auxquels je me suis présenté, réalisé mes diverses ambitions. Ce n'est pas une façon de me féliciter, pas du tout, simplement un constat : je n'ai jamais échoué à ce que je voulais vraiment, et je considère avoir toujours eu une chance énorme.
2
L'été 1999, à près de 25 ans, je me suis soudain rendu compte que j'étais atteint de vertige. Moi qui avais toujours aimé défier le vide, grimper des sommets, n'avais jamais eu peur du moindre précipice, ravin, falaise, un beau jour d'été je me suis retrouvé chancelant et paralysé par le vertige, sous le soleil accablant des hauteurs de Simatai, sur ce bout de muraille branlante qui surplombait un à-pic inouï. Quelques expériences ultérieures ont confirmé ce fait qui me désole au plus haut point, et qui est désormais avéré : j'ai le vertige. Et plus jamais je ne me moquerai comme je le faisais autrefois de ceux qui n'osent pas monter sur un escabeau : j'en suis désormais presque incapable moi aussi.
3
J'ai une peur viscérale de la douleur physique et de la violence gratuite.
4
Autrefois, je passais facilement plusieurs heures par jour à ne rien faire, assis sur mon lit, j'écoutais de la musique et rêvassais quelquefois des journées entières ainsi. Je n'en ai plus le temps aujourd'hui, mais j'en serais très certainement encore capable. Laisser l'esprit partir, mener des conversations imaginaires, vivre des vies rêvées ou simplement ne penser à rien. Mais toujours en musique.
5
Je suis extrêmement attaché aux objets. Pas par fétichisme, pas par superstition, plutôt par nostalgie, attachement au passé ou à ce que chaque objet représente. Je suis capable de garder des années un morceau de papier sale portant un numéro de téléphone et un prénom même inconnu. Une bouteille de bière vide que j'ai partagée avec un ami un soir de spleen, un caillou ramassé dans la rue d'un pays étranger, n'importe quoi. Cette manie s'est calmée depuis quelques années. Récemment, ma mère m'a demandé de faire le tri dans les affaires que j'ai accumulées dans sa cave. J'ai eu moins de mal que je ne le pensais à me séparer de certaines choses. Par contre, il reste quelques objets auxquels personne ne doit toucher.
6
Je parle très peu. Je ne dis presque jamais ce que je pense parce que je crois sincèrement que c'est évident et que tout le monde le sait forcément. Ce qui entraîne souvent des incompréhensions ou des doutes. Mon mutisme rebute. Et si je parle, je sème encore plus le trouble parce que je ne sais pas parler. Alors que tout pourrait être si simple.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
C'est incroyable. J'aurais pu écrire ces lignes, de la première à la dernière lettre. Tout pareil.
Répondre
D
waow ! il l'a fait ! (c'était vraiment un défi lancé, pas vrai?)<br /> pour le 5-, rassure-toi, il y a eu pire ici (j'ai conservé pendant 7 ans... un poil pubien, mais chut !)<br /> plus prosaïquement parlant, courage et prends patience côté santé.
Répondre
S
Tiens, là je reconnais "un peu"de ma vie antérieure, dans ton dernier paragraphe. Un jour, il y a déjà quelques années, je me suis jetée dans le monde et ça a beaucoup progressé dans l'audible.
Répondre
Publicité
Archives
Publicité