Un bref souvenir
Au détour de vagues recherches me revient un bref souvenir. Alors que je visitais le musée des Augustins de Toulouse, il y a longtemps de cela, je tombai sur une sculpture a priori banale, en tout cas pas particulièrement mise en valeur, qui attira mon attention. Dans le grand escalier qui monte à l'étage, à peu près à mi-hauteur, se trouve un archer, un jeune chasseur vêtu comme souvent d'un simple pagne qui dénude la plus grande partie de son corps. Ce type de statue me laisse souvent plutôt indifférent (de marbre aurait été trop facile). Or là, je m'immobilisai, frappé par la beauté de son torse. Imberbe et parfaitement dessiné, il éveillait en moi un réel sentiment de satisfaction sensuelle. Je sentais la vie poindre sous la pierre, alors que mon regard descendait vers le ventre et cette zone si désirable que constitue le bas-ventre, juste au-dessus du pubis. Mais mes yeux n'avaient de cesse de remonter vers ce torse, comme aimantés.
Au cours des quelques années qui suivirent, j'emmenai souvent mes hôtes visiter ce musée. Ma mère, qui me précédait et à qui je lançai un bref « J'arrive… » alors qu'elle me pressait de la retrouver en haut, me rejoignit au milieu des escaliers, se demandant ce qu'il pouvait bien y avoir de si intéressant à y admirer. Pestant intérieurement, je dus interrompre mon observation minutieuse de ce torse qui avait toujours autant d'attrait.
Et à chacune de mes visites, je ne manquais pas de m'arrêter devant ce jeune chasseur, scrutant ses tétons pointés, mes yeux glissant sur sa peau. Et je me rendais compte à chaque fois, avec une amertume indicible, que je le désirais.