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Face A
3 février 2005

-2-

Je connaissais assez bien le Shanghai pour y avoir beaucoup traîné au cours des derniers mois. Et quand je dis traîner, j'hésite presque à l'écrire traînée.
Le Shanghai est presque une institution à Toulouse, c'est LA boîte gay par excellence. Je l'avais découvert quelques mois auparavant lors d'une soirée catastrophique dont je ne garde presque aucun souvenir. J'avais suivi un garçon qui me plaisait dans l'espoir de finir la nuit avec lui et m'étais évanoui dans les escaliers qui montaient à l'étage, trop d'alcool et trop de cigarettes. Deux videurs m'avait traîné dans l'arrière-cour pour me réveiller, et en rentrant chez moi au petit matin je m'étais aperçu que je m'étais pissé dessus.

Depuis, j'y revenais régulièrement. A vrai dire, il me fallait boire quelques verres avant d'oser aller affronter la foule et les regards concupiscents des mecs venus là pour le sexe. Le Shanghai possédait une petite backroom, à côté du bar du fond réservé exclusivement aux garçons. Rien de phénoménal, pas un baisodrome, mais une backroom tout de même. J'avais vite fini par m'y aventurer ces soirs de carence qui me voyaient m'oublier quelques heures sous les caresses fugaces et hypocrites offertes dans l'obscurité de ce lieu fétide. J'avais presque fini par m'y habituer, même s'il me fallait toujours plusieurs Gin-tonic pour me sentir d'attaque. Je n'espérais rien d'autre que ces étreintes passagères et anonymes. J'essayais simplement de combler un manque et me retrouvais amer au matin, seul dans mon lit, la peau sale de cette odeur d'autres peaux qui s'étaient frottées à la mienne, la tête vide et retentissante d'échec et de renoncement.

Ce soir-là, alors que nous arrivions ici avec ces deux filles que je ne connaissais pas, je n'avais nullement l'intention d'aller au bar du fond. Nous n'aurions pas pu de toute façon, les filles n'y étant pas autorisées. Nous étions donc au premier niveau et je commençai immédiatement à danser. Il m'arrivait régulièrement de danser avec des amis lors de soirées arrosées, mais rarement j'avais ressenti à ce point la danse comme un défouloir, un exutoire, une libération physique. Chose que j'aurais reniée à tout autre moment, je ne pus m'empêcher de me poster devant le grand miroir qui recouvrait le mur pour danser face à moi-même. Hypnotisé par les stroboscopes et les lasers, par la techno de bas étage que diffusait certainement la sono, par l'alcool. Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi, presque en transes, avant que l'une des deux filles vienne m'annoncer qu'elles souhaitaient rentrer. Je décidai de rester.
Je ne sais pas, je suppose que j'ai dû continuer de danser encore avant de descendre. Avant de prendre l'escalier, celui qui menait au bar des garçons.

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