Deux fois deux voies, soleil d’automne, bas sur

Deux fois deux voies, soleil d’automne, bas sur l’horizon, blanc et éblouissant, des champs à perte de vue, le monument au mort décati dressé au milieu de ce rien gris et pâle passe très vite sur ma droite, j’appuie sur l’accélérateur, 110, je sens le limiteur qui se débloque et la poussée soudaine du moteur, 120, 130, 140, 150, 160, la musique me pousse aussi, vers le soleil, la blancheur du ciel, parfois je souhaiterais que cette route ne cesse pas et me fondre dans ce soleil blanc. 

Je rentre à la maison, l’estomac toujours noué. Une semaine que je mange à peine, que je dors à peine.

En laissant tout à l’heure l’eau chaude de la douche laver mon corps et mon cœur sales, je mettais des mots, à voix basse, des adjectifs, je formulais des demandes, cherchais des explications, une façon de me dépêtrer de moi et de mes déroutes, des réponses que je n’aurai jamais à des questions que je ne saurais énoncer.

Muet, à jamais.