Plus ou moins proches, les bruits de klaxons
Plus ou moins proches, les bruits de klaxons mêlés de cris semblent encercler la maison, passent et repassent dans les rues environnantes. Un vent léger agite les flammes qui viennent lécher le mur de la cour. Un verre dans une main, une cigarette dans l'autre, je regarde le ciel et entends les clameurs lointaines dont me séparent les hauts murs de briques. Le feu me chauffe les joues pendant que j'écoute ces cris qui me transportent toujours très loin. Toujours. L'été, la solitude, les cris ou la musique dans le lointain, et cette impression à la fois douce et amère d'être toujours loin de l'agitation et de la joie. J'ai toujours connu ça de cette manière-là. La cour de la maison pourrait être la chambre de l'enfant que j'ai été, l'appartement de l'adolescent que je ne suis plus, c'est toujours la même sensation : celle de passer à côté de quelque chose. Sans regrets, tout en douceur, mais toujours avec acuité dans le silence des nuits d'été. Hier soir, au milieu de cette cour, alors que j'attendais mon homme en fumant ma cigarette devant le feu qui dansait, c'étaient tous mes étés qui revenaient, s'accumulant chaque année toujours plus nombreux dans une collision amère du temps passé, tout entier compressé comme de la tôle froissée autour de mon cœur prisonnier.