Dimanche
Alors qu'hier je n'avais trouvé que quelques restes de boyaux
séchés, c'était une souris entière qui m'accueillait ce matin sur le
carrelage du salon. Les chats à l'affût lui tournaient autour, et se
perchaient ensuite sur les meubles environnants pour observer mes
allées et venues matinales, guettant le geste qui déclencherait les
miaulements les plus insupportables : celui où je poserais la main sur
la poignée du réfrigérateur pour sortir leur boîte et remplir leur
assiette.
Je me suis réveillé vers six heures, en sursaut,
persuadé que Vito était revenu puisque, en rêve, je le serrais dans mes
bras. Rendormi tardivement, après d'innombrables changements de
position. Dès que je lui tournais le dos, mon homme en profitait dans
son sommeil pour me prendre dans ses bras. Si c'est un geste que
j'apprécie beaucoup quand nous nous couchons, il me devient
insupportable lorsque je ne trouve pas le sommeil. J'ai donc fini par
me dégager de son étreinte pour me lever fatigué.
Mon travail avance à pas de nain. La livraison est pour mardi, il faudrait que je passe la journée de demain à relire le tout et que j'aie donc terminé ma traduction ce soir. Peu probable. Le temps est gris et froid, heureusement, annihilant toute volonté de balade.
Bref, un dimanche comme je ne les aime pas. Je n'ai jamais aimé les
dimanches, même enfant, je me rappelle, j'y trouvais une tristesse sans
nom, un indéfinissable goût amer que je leur ai toujours connu. Celui
d'un temps suspendu au-dessus du vide, celui d'un vide qui s'engouffre
dans le temps.
Ach, ran an die Arbeit!