Oh Marie, si tu savais… (Assomption)
Comme chaque année, les trois rues qui entourent la maison
accueillent la brocante du 15 août organisée par l'association des
habitants du quartier, et la rue est pleine de bruits et de voix. Les
trottoirs encombrés charrient des flots de familles indifférentes aux
étals qui se présentent à leurs yeux, leur préférant les sandwiches aux
merguez et autres moules-frites proposés par la pension située à
l'angle de la rue du port, face au canal. De mon bureau, j'aperçois par
dessus le portail quelques visages maussades, dont certains me
dévisagent avec curiosité, se demandant ce que je peux bien faire
devant un ordinateur en cette journée d'allégresse.
Cette année,
contrairement aux deux dernières, le ciel boude la fête et l'agitation
est moins palpable que lors des précédentes éditions. La mousse-party
qui doit avoir lieu cet après-midi sera certainement gâchée par la
pluie qui menace. Je vois d'ailleurs sur le programme des festivités
que la course de WC électriques de l'an dernier n'a pas été réitérée
(il s'agissait pourtant, comme le précisait bien le dépliant, d'une attraction venue de Belgique).
Ce
matin, alors que j'avais bravé la foule pour aller acheter des
croissants chez mes voisins de boulangers, la serveuse m'a demandé si
je comptais vendre mon mec à la brocante. Après que je lui ai
rétorqué que je n'en tirerais pas grand chose, elle me suggéra de miser
sur ses dents en or pour faire grimper les prix. J'adore ma région.
Edit, 15 h 27 : c'est insupportable, le DJ hurle dans son micro pour les trois gamins qui se battent sous la mousse, et les haut-parleurs oscillent de Chihuahua en Dragostea din tei juste sous mes fenêtres.