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Face A
26 juillet 2005

Au commencement

Il faisait un soleil d'été sur Paris ce jour-là. Une belle chaleur pour une journée que j'attendais avec une appréhension jamais ressentie auparavant. J'avais pris le train tôt le matin pour arriver en Gare du Nord en milieu de matinée. Je descendis de ma voiture et parcourus le long quai qui me séparait de la salle des pas perdus. Au fur et à mesure que j'avançais, je sentais la boule qui me tenait l'estomac depuis quelques jours déjà se resserrer comme pour me faire vaciller. J'approchais du lieu de rendez-vous.
Il était en retard et m'appela pour me prévenir, et cette voix qui m'était devenue presque familière semblait désormais plus proche que jamais. Je finis par l'apercevoir au loin et me dirigeai vers lui. Nous nous embrassâmes à l'allemande, ou à l'américaine, dans un hug. Toute mon anxiété était retombée.
La journée fut splendide, tout en promenades et en longues discussions. Pas une seule fois nous n'évoquâmes nos récents échanges épistolaires. Nous parlions de nous, tour à tour, de nos vies et de nos espoirs comblés ou gâchés. J'avais soudain l'impression de m'ouvrir, de redécouvrir la vie dans toute sa simplicité et sa beauté. Sous ce soleil.
Sous ce soleil, cette vie nous rattrapa pourtant, celle à laquelle nous avions chacun de notre côté essayé d'échapper pour une journée au moins, une journée qui devait n'appartenir qu'à nous.
Un appel, des larmes, et un désarroi sans nom. Il avait secrètement espéré cet appel qui lui dirait « Je sais où tu es, je sais avec qui tu es. » Ses larmes tenaient de la colère, du soulagement et de la tristesse mêlés.
Je devais reprendre le train, il était déjà l'heure.
Nous n'étions plus deux à savoir. Un troisième avait compris et son monde s'était écroulé. Nous nous quittâmes comme nous nous étions rencontrés, simplement avec plus d'incertitudes encore. Je repartis dans ma solitude à deux, et lui vers des journées qui s'annonçaient douloureuses.
Le lendemain, un message de lui me faisait part de sa peine. Je ne compris que trop. Simplement, je me retrouvais tout à coup replongé dans mes turpitudes, et cette fois irrémédiablement seul. Tout l'espoir qui avait pu me porter au cours des dernières semaines s'était soudain effondré, dérobé sous mes pieds.
Oui, j'étais seul dans mon couple et dans mon quotidien. Et puisqu'il en était ainsi, et bien j'allais tout reconstruire. Sans me bercer d'illusions comme j'avais pu le faire au cours des dernières semaines. Repartir à zéro, tout remettre à plat.
Voilà dix mois que ça dure.

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Commentaires
A
Je me souviens de cette entrée, ou du moins de celle qui relatait cette journée. Comment pourrait-on l'oublier...<br /> <br /> C'est via le site de Marc que j'ai appris ton retour. Je fais présentement la lecture à rebours et pensais ne commenter qu'à ton entrée du 1er août, date de ma redécouverte, mais là, je ne résiste pas. C'est triste que ton retour ne soit pas plus heureux. Mais la bonne nouvelle c'est que tu es de retour.<br /> <br /> accent circonflexe
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F
Hey, salut ! :)<br /> Ça va être difficile de tout rattraper, j'ai tout effacé !<br /> Bises !
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D
mais dis donc ! c'est que j'ai de la lecture à rattraper ! énormes bises. ecris !
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F
Sissi : ne te prive surtout pas de te la "jouer perso", tes mots sont justes et me font du bien. Merci.<br /> <br /> Lionel, merci à toi. Je te souhaite aussi que ça continue ainsi !
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L
J'ai relu ton texte deux fois afin de bien saisir toutes les nuances et surtout toutes ces subtilités.<br /> C'est fort et bien écrit.<br /> L'image de ta "solitude à deux" m'a beaucoup touché et j'espère pouvoir toujours avoir la chance de tout partager de mes craintes en parlant avec l'homme qui partage ma vie.<br /> Bises.<br /> <br /> Lionel
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