Il y a quelques jours, alors que j'évoquais pour
Il y a quelques jours, alors que j'évoquais pour je ne sais quelle raison une histoire de miroir sans tain, mon homme m'avait répondu « Ah oui, comme dans Le Vieux Fusil ! »
Devant mon regard inexpressif, il s'était alors indigné :
« Quoi ? Ne me dis pas que tu n'as jamais vu Le Vieux Fusil ! Il passe au moins une fois par an à la télé ! »
C'est ainsi que je recevais hier matin par la poste ce DVD hors de prix, apparemment mal distribué et relativement difficile à trouver.
Je connaissais plus ou moins le point de départ - ou d'arrivée - de l'intrigue. La réputation de ce film, dur et violent. J'appréhendais à vrai dire le jour où je le verrais enfin, ayant constaté que je devenais avec l'âge de plus en plus sensible. Bon, les commentaires et spoilers habituels de mon homme ont quelque peu allégé l'impact du film, mais ma nuit en a tout de même été agitée de cauchemars tout de flammes et de cris.
Je me faisais en me couchant cette remarque sur ma sensibilité croissante, qui me semble être logique puisque seule l'expérience nous fait appréhender la douleur des autres de manière de plus en plus personnelle. Non seulement ma sensibilité à la violence en tant que telle a augmenté, mais surtout ma perception de ce qu'engendre cette violence : le sentiment de gratuité et d'absurdité, la perte, la douleur, l'absence. Ce n'est qu'après avoir vécu ces expériences que je suis désormais capable de les percevoir de manière aussi aiguë. Ma lecture tardive de La Peste avait éveillé en moi, il y a dix ans, des bouleversements similaires.
Hier soir aussi, au détour d'une conversation anodine où nous évoquions me semble-t-il une éventuelle visite chez le coiffeur, mon homme a eu ces mots de but en blanc :
« Mais toi, tu m'aimes. Et ça, c'est le plus beau des cadeaux. »
J'ai souri, l'ai embrassé sur la joue, puis nous avons poursuivi la conversation.