L'orage n'a fait que contourner la ville. Assis
L'orage n'a fait que contourner la ville. Assis dans le jardin, nous laissions le vent souffler, fort, sur nos corps écrasés de chaleur.
Quelques gouttes, rien de suffisant, sont tombées alors que j'allais me coucher. Allongé sur le dos sous le souffle du ventilateur, les yeux fermés, j'ai soudain vu, dans des flashes qui s'imprimaient sur le fond de mon cerveau, j'ai soudain vu le visage de mon père tel que je l'avais vu pour la dernière fois, avant que les services mortuaires ne l'emportent. Les joues creuses, les dents serrées, le teint de cire. Dans un effort, j'ai alors tenté de me souvenir de lui autrement, de ne pas garder que cette image de lui. Et j'ai vu, à travers les larmes qui sortaient de derrière mes paupières fermées, j'ai vu. J'ai vu sa présence, j'ai vu mon absence, j'ai vu le manque. Tous ces petits gestes anodins qui font d'un homme un père, je ne les avais jamais vus. Jamais comme cela.
Et j'ai compris tout à coup que si j'avais fait depuis longtemps le deuil de sa disparition, je n'avais pas fait celui de son absence. Voilà soudain que plus de cinq ans après être parti, il commence à me manquer.