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Face A
21 novembre 2005

J'ai toujours été incapable de communiquer mes

J'ai toujours été incapable de communiquer mes émotions autrement que par écrit. Et autrement que pour moi seul, dans un journal, peu importe qu'il soit publié comme celui-ci ou non.
Autrement dit, je crois que personne, parmi tous ceux qui me connaissent, ne sait vraiment ce que je peux ressentir face à telle ou telle chose. Qu'il s'agisse de l'émotion que peut me procurer une œuvre, qu'elle soit littéraire, cinématographique, musicale ou autre, ou de l'émotion brute qui naît des situations de la vie et des relations avec les autres, je sais que je passe pour être quelqu'un de très réservé, qui ne veut ou ne sait exprimer ses sentiments et ses émotions. Et je ne parle pas de larmes ou autres manifestations physiques que je réserve à ma solitude, non, je parle de mots. Les très rares personnes qui ont osé aborder avec moi ce sujet (elles doivent être… allez, disons deux) se sont alors dites très intriguées par ma personne et, après coup, très surprises de ma réaction au fait qu'elles m'en parlent. En effet, dans ce cas, je reconnais ouvertement être taciturne et avoue ne pas savoir si c'est par manque de courage, par excès de pudeur ou tout simplement parce que je ne sais pas parler. Je crois bien qu'il s'agit d'un mélange des trois propositions : dès que la conversation sort du cadre plus ou moins élargi du small-talk, je me referme comme une huître et ne deviens plus qu'une oreille. Je ne sais plus parler. Je le voudrais, à vrai dire, mais chaque tentative est un échec. Mon homme me reproche d'ailleurs toujours très vertement lorsque nous parlons sérieusement (je traduis : lorsque nous nous engueulons), de me replier sur moi-même et de ne plus rien dire une fois passée la première salve d'arguments.
Il semblerait qu'il y ait un terrain d'échange sur lequel je n'ose pas m'aventurer.
Oh, bien sûr, il y a eu des exceptions. La première personne, justement, à avoir abordé avec moi ce mystère farf, a été je crois celle avec qui j'ai eu par la suite les échanges les plus riches et les plus personnels, les plus intimes en termes d'émotions et de sentiments. Je m'étonnais moi-même, avec elle, de mes progrès dans ce sens, que nous constations tous les deux.
Aujourd'hui encore, il m'arrive sporadiquement de m'ouvrir plus que de coutume, mais je remarque une chose troublante : ce sera toujours avec une personne qui m'est étrangère, ou dont je sais que je ne la reverrai pas ou très peu.

Décidément, l'écriture reste un refuge et un exutoire facile, et ce ne sont pas les milliers de pages que j'ai noircies qui me diront le contraire.

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Commentaires
M
Merci d'avoir écrit ce texte, cela m'évitera de l'écrire car je n'aurais rien à y changer en ce qui me concerne. Joliment dit.
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F
Belle expression Dan, au joli double sens. Et entièrement d'accord avec toi.
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D
pffff ! ni psy, ni thérapeute! <br /> <br /> ça ne change rien à cette configuration psychique dont, je pense, tu te fais parfois l'écho, que tu portes aussi, et que j'ai dû mal à gérer, moi-même, ici, parfois.<br /> <br /> je ne supporte pas d'être "mis à jour".
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P
Et un psy ou autres thérapeutes? Ya pas d'mal.
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