Rondes monotones
L'automne s'est installé dans le soleil, seule la fraîcheur piquante des nuits et des matins nous fait deviner sa présence. La fenêtre du bureau s'est refermée, et je travaille à nouveau dans le silence de l'hiver, comme dans un cocon. Les jours filent, s'enfilent, défilent, défient toute velléité. Pas moyen d'y échapper, à cet enfermement dont j'aime toujours l'arrivée, juste au début de l'automne. Le plaisir de mettre son premier gros pull et de se faire chauffer de l'eau pour un thé, les mains collées contre la tasse brûlante. Rimbaud redoutait l'hiver parce que c'était la saison du comfort, écrivait-il. Moi je ne le redoute pas, je le laisse s'installer toujours avec plaisir et me laisse prendre au doux piège de ses journées trop courtes. Je sais bien que dès janvier, il m'exaspérera. En fait, j'aime l'idée de l'hiver comme j'aime l'idée de l'été. Les seules saisons qui me ravissent vraiment sont les saisons intermédiaires.
Et cette nuit, en pensant à ce à quoi je ne veux pas penser, j'ai versé une larme.