(Retour au) calme
Matin. Comme tous les jours. Mon bureau, mon refuge, lui dort dans
la pièce voisine. Il se lèvera en fin de matinée, vers midi peut-être
plus tard, et descendra les escaliers pour aller boire son café au
lait. Je descendrai à mon tour lui dire bonjour, il me racontera ses
rêves ou ses cauchemars. Quelquefois, alors que je travaille dans le
calme de la matinée, je l'entends parler ou crier. Quelquefois il
m'appelle dans son sommeil. Ce matin, peu avant que je me lève, il m'a
dit « Je t'aime ». Il dormait. Je me suis levé sans répondre et suis
sorti de la chambre sur la pointe des pieds, comme tous les matins.
Dans le silence de la maison, il est partout. Présent, à mes côtés ou
non il est pourtant là. Sa voix qui me parvient de l'étage ou de la
pièce voisine. Ses ronflements, que je perçois quelquefois depuis mon
bureau. Ses vêtements qui jonchent le salon et que je découvre en me
levant. Il est là jusque dans mon bureau, où quelques mégots écrasés dans le pot
de ma plante verte témoignent de sa présence.
Assis dans chaque fauteuil, je te vois,
Au bas de l'escalier, je te vois,
Partout autour de moi (je te vois)…