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Face A
14 février 2010

Il m'arrive régulièrement de recevoir des e-mails

Il m'arrive régulièrement de recevoir des e-mails d'anciens camarades de classe ou autres connaissances qui souhaitent renouer le contact et prendre des nouvelles. Généralement, cela ne dure pas longtemps et au bout de quelques échanges brefs et factuels, nous n'avons plus rien à nous dire, et chacun retourne alors à sa vie. Je me réjouis sur le moment de ces quelques nouvelles puis finis par ne plus y penser.

Jeudi dernier, en fin d'après-midi, alors que j'allais mettre fin à ma journée de travail, j'ai ressenti un pincement au cœur inattendu en lisant l'intitulé de ce banal message : «Cyril A. vous a envoyé un message sur… ».

Cyril, mon premier copain. Non pas dans le sens de petit ami, mais de pote, d'ami. Je l'avais repéré dans la cour du lycée dès la rentrée, et me sentais irrésistiblement attiré par lui. Le hasard ayant toujours bien fait les choses dans ma vie, un voyage scolaire commun quelques mois plus tard fit de nous des amis, des complices. Il fut donc la première personne que je fréquentais en dehors du lycée, avec lui mes premières sorties, mes premières bières et autres alcools. C'est avec lui que j'ai découvert la fête, le plaisir d'être ensemble simplement entre copains, de discuter un peu, de ne plus aimer l'école. Les soirées chez mes parents qui nous laissaient la maison pour le week-end, les concerts dans des lieux interlopes, les premiers joints, les soirées à errer dans les rues de la ville qui nous appartenait. 

Alors évidemment je n'ai pas échappé au cliché du jeune homo qui ne s'assume pas encore et qui, sans se le dire, est éperdument amoureux de son meilleur ami. Tellement éculé et pourtant tellement douloureux. Lorsque Cyril avait séduit notre amie commune, et que sans vraiment le vouloir j'étais devenu si froid et si lointain envers lui, tout le monde avait cru que c'était par jalousie. Ils n'étaient pas loin de la vérité, à vrai dire, même si l'objet de ma jalousie les aurait certainement surpris. Et lui qui me parlait d'elle, et moi qui bouillais intérieurement, mais tais-toi donc, je ne veux pas entendre ça. Puis le temps avait fait son affaire, et ma connerie, je m'étais éloigné de lui bêtement et il avait disparu de ma vie.

Les trois messages que nous avons échangés en trois jours ne sont pas anodins, et surtout, le sentiment qui m'habite depuis jeudi soir ne laisse pas de me troubler au plus haut point. Non non non, pas de retour de flamme ou d'emballement déplacé, plus de ça chez moi. Mais comme une complicité évidente qui n'a pas été altérée. Un ton chaleureux et ouvert, de beaux souvenirs partagés avec émotion et qui font ressurgir en moi, incurable nostalgique, tout un pan de mon passé, à cette époque charnière de nos vies. Mieux que tous les autres peut-être, ce garçon symbolise à lui seul ma véritable entrée dans une adolescence tardive et excessive. C'est avec lui, en sa compagnie et en même temps que lui que j'ai découvert ce que je croyais être la vie. Témoin, compagnon et acteur d'une mue qui devait durer des années, il revient aujourd'hui comme s'il n'était jamais parti, comme un veilleur, et cette présence soudaine me réchauffe le cœur, et me bouleverse autant qu'elle me rassure.

 

 

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Commentaires
K
A mes yeux, les amis sont aussi précieux que la famille. J'espère que tu ne reperdras pas cet ami qui revient vers toi :) Ça n'arrive pas si souvent ce genre de chose.<br /> Biz
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