Ma mère est donc rentrée vivante - et
Ma mère est donc rentrée vivante - et enthousiaste - de son voyage au bout du monde. Durant ces deux semaines, mon homme me demandait sans cesse « mais quand-est-ce qu'elle revient ? Elle me manque ! » Des paroles inimaginables il y a encore un an de cela. Il passe plus de temps au téléphone avec elle en une seule soirée que je ne peux en passer en une semaine entière. Je crois qu'il a enfin trouvé le mode d'emploi et sait désormais décrypter les intentions de ma mère ; ou plutôt, il a plus précisément appris qu'il n'y avait rien à décrypter et qu'il s'était trop souvent injustement emporté à son égard.
Un léger penchant paranoïaque qu'il reconnaît bien volontiers, et dont je fais aussi parfois les frais. De mon côté, j'ai dû moi aussi apprendre à mettre de l'eau dans mon vin et à passer outre sans trop m'en agacer, même si c'est terriblement frustrant de ne pouvoir expliquer à l'autre qu'il fait fausse route, sous peine de s'avancer encore plus loin dans l'incompréhension mutuelle. Bref.
Le printemps semble enfin vouloir s'imposer. Contrairement à ce que j'aurais pu croire ou espérer, il ne me sort pas de ma léthargie hivernale et je traîne en besogne, musardant devant la fenêtre ouverte, quelques notes délicates venant souligner la douceur et la fragilité de cet équilibre charmant qui s'étale sous mes yeux, sous le ciel, sous le soleil.
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