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Face A
7 janvier 2007

La perspective de ce rendez-vous d'août a fait

La perspective de ce rendez-vous d'août a fait ressurgir en moi la nuit dernière, alors que j'attendais le sommeil, des souvenirs drôles et irréels.
Comme celui, hilarant épisode, où je fus contacté par un magazine féminin dans le cadre d'une enquête du type Comment les hommes européens vivant en Allemagne s'y prennent-ils pour séduire les Allemandes ?
N'osant pas raccrocher au nez de cette charmante jeune femme qui disait avoir eu mon numéro par une connaissance dont je n'avais pas saisi le nom, je me soumis de bonne grâce à un questionnaire au cours duquel elle révéla ses talents de journaliste en aiguillant les questions de manière évidente pour entendre ce qu'elle voulait entendre. Je jouai volontiers le jeu, racontant de fictives entreprises de séduction auprès de jeunes Allemandes avec repas aux chandelles, champagne et bons vins pour de charmantes soirées en tête-à-tête. Bref, le cliché du Français romantique tel que mon interlocutrice l'imaginait, pour un article qui serait certainement très caricatural.

Après avoir raccroché, je fis part de mon étonnement à M., un de mes colocataires. Il se fendit alors d'un grand sourire et m'expliqua que sa copine travaillait en effet pour un grand magazine féminin, et qu'elle lui avait fait part de ses recherches de témoignages pour ce sujet.
« J'ai tout de suite pensé à toi, tu étais évidemment l'homme de la situation. », finit-il dans un éclat de rire auquel je fis volontiers écho.

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises ; en effet, non seulement mes propos allaient paraître dans le numéro du mois suivant, mais j'avais également rendez-vous avec un photographe pour une séance de pose en bonne et due forme qui illustrerait mes déclarations pour la postérité.
Le jour fatidique, un jeune homme vint donc sonner à ma porte et m'expliqua sa vision des choses : en tant que Français, j'étais forcément porté sur la bonne chère et les dîners aux chandelles. Il serait donc fort judicieux de me photographier en train de faire mon marché pour donner vie à cette image typique du Français sachant sélectionner les meilleurs produits pour séduire la demoiselle de son choix avec un bon repas en tête-à-tête.
Je me retrouvai donc sur un des marchés les plus huppés de Hambourg, mitraillé par un photographe professionnel alors que je faisais semblant de tâter des légumes, de humer des épices ou de choisir de bons vins, verbalement exhorté à sourire de toutes mes dents en regardant l'objectif. Voyant les projecteurs et autres réflecteurs de ce professionnel qui me parlait comme à un mannequin, la foule s'attroupait autour de nous, ne faisant qu'accroître ma gêne et fausser mon sourire qui devenait de plus en plus forcé et artificiel. Ce calvaire s'éternisait, de stand en stand, de fruits en légumes et de vins en viandes. J'eus toutefois l'agréable récompense, outre un dédommagement financier très conséquent viré sur mon compte quelques jours plus tard, de repartir avec mon panier de victuailles plein à craquer.
À mon retour, M. riait de plus belle encore alors que je lui narrais mes mésaventures, et ne cracha pas sur les bouteilles et autres mets gagnés à la sueur de mon sourire.

Les semaines passèrent, et le magazine tant attendu arriva enfin dans ma boîte aux lettres. Je feuilletai fébrilement les pages glacées pour trouver l'entrefilet redouté ; la journaliste avait rédigé de toutes pièces une petite historiette que j'aurais connue avec une Allemande invitée un soir  pour un repas aux chandelles. Les quelques clichés qu'elle m'avait extorqués par téléphone avaient été amplifiés, déformés et enjolivés pour créer une saynète cocasse où je devais retenir la jeune femme qui souhaitait à tout prix faire la vaisselle, brisant ainsi la soirée romantique je lui avais préparée et par là même toute mon entreprise de séduction. Le tout était illustré d'un gros plan de mon visage crispé, souriant péniblement au-dessus d'un amas de poireaux qui dépassait d'un grand panier en osier posé sur mes genoux.


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Commentaires
F
et oui, il y a tout juste 10 ans de ça :)
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M
Marrant... Donc, tu étais en Allemagne à ce moment-là ?
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K
Ha Ha! On se retrouve embarqué dans de ces situation, parfois!
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F
zvezdo : je seconde ;)<br /> Sissi : héroïsme... j'étais tellement gêné que je ne savais pas comment m'en dépêtrer, j'ai donc patiemment attendu que ça se termine... comment ça, obéissant ? :)
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S
Très drôle... et bravo pour ton héroïsme sur le marché (moi j'aurais pas supporté la séance !!!) :-)))
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