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Face A
6 janvier 2007

L'un des avantages d'avoir un chien, outre le

L'un des avantages d'avoir un chien, outre le minimum d'exercice physique que cela m'apporte, c'est que je redécouvre mon quartier et la périphérie de ma petite ville. J'ai toujours été fasciné par la topographie, je pourrais passer des heures à consulter des cartes et des atlas, des plans de villes ou des vues aériennes.
Ici, la maison étant en bordure du canal qui marque la sortie de la ville, je me retrouve rapidement dans un paysage des plus typiques, tout d'abord digne d'un roman de Simenon, aux plus proches abords du quartier : les péniches amarrées à la halte fluviale, la maison de l'éclusier et les quelques autres habitations adjacentes, petites bâtisses de brique rouge qui semblent écrasées sous le ciel bas et nuageux.
Puis très vite, en s'éloignant un peu, on découvre une étrange friche industrielle, légèrement en retrait du canal. Une ancienne route abandonnée finit en cul-de-sac sous le pont de la route actuelle. Surprise, un pont basculant traverse un des bras du canal. Rouillé, il ne doit plus fonctionner depuis longtemps. Ici, des bribes de soubassement de part et d'autre de la voie navigable rappellent la présence d'un pont plus ancien encore. Plus loin, alors que nous longeons les usines désaffectées, je m'attendrais presque à croiser Nicolas. Je découvre une topographie oubliée, comme enterrée par les nouvelles infrastructures construites plus en hauteur, et témoignage d'une époque révolue où la vie de la cité se concentrait ici, dans ce quartier fréquenté par les mariniers et où les industries venaient s'implanter en masse. Abandonnées, négligées, partiellement détruites mais encore bien visibles, les usines, les routes, les voies de circulation semblent avoir été mises au rebut, comme des vestiges peu glorieux d'une industrie que l'on voudrait oublier. Tout est sale, gris et cassé. Triste, presque macabre. Finalement, ce drôle de paysage n'est visible que du canal et reste caché aux yeux de ceux qui, tous les jours, empruntent les routes actuelles.
En longeant ce long bras de terre coincé entre le canal et la rivière voisine, j'aperçois au loin, sur ma gauche, les trois clochers de la ville cachés derrière les cheminées en ruine. Et sur ma droite, largement en retrait, une usine flambant neuve illuminée de centaines de néons. Sur la rive opposée, un pêcheur m'observe en tenant son chien par le collet. Le silence n'est troublé que par le ronronnement des usines et le clapotis de l'eau. Drôle d'ambiance. Nous arrivons à l'écluse suivante après être passés sous un vieux pont métallique rouillé sur lequel passe une voie ferrée elle aussi désaffectée.
Rentré à la maison près de deux heures plus tard, je sors ma carte topographique et retrace dans ma tête le parcours effectué. Rien ne témoigne de tout cela, ces pierres, ces tôles, ces machines à l'abandon, ces immenses bâtisses vides, ces charpentes métalliques démesurées, ces cheminées de pierre. J'ai l'impression d'avoir sondé les entrailles de ce quartier déserté.

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Commentaires
F
Pas encore de photos mais j'ai bien l'intention d'en faire au cours d'une prochain balade...
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K
Une descriptions digne des "non zones" du roman de JC Rufin, Globalia. Tiens, d'ailleurs, si tu ne l'as pas lu, je te le recommande.
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M
tiens, c'est drôle, moi aussi ça m'a tout de suite fait penser qu'il doit y avoir de jolies photos à faire :)
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°
Des photos des friches ?
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