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Face A
9 février 2005

-19-

Je restai quelques jours à Montpellier, ayant proposé de m'occuper de tous les papiers relatifs à la succession pour épargner des allers-retours aux autres membres de la famille, éparpillés entre Nantes et la Suisse. Comme je m'en doutais, le notaire fit un état des comptes qui se révéla amplement négatif. Mon père était criblé de dettes suite à une succession de batailles administratives jamais résolues, et il s'était toujours refusé à payer ces sommes imposantes tant que rien ne serait clairement réglé. J'avais souvent vu les huissiers à la maison au cours des dernières années passées chez mes parents. Mon frère et moi étant les premiers héritiers, il nous fallait donc renoncer à la succession pour ne pas avoir à payer toutes ces dettes. Ensuite, dans l'ordre de succession, les autres membres de ma famille paternelle devaient y renoncer aussi. Ma grand-mère, puis mon oncle et ma tante, et enfin mes cousins. J'envoyai à chacun d'entre eux une longue lettre dans laquelle j'expliquais tout cela en détail, leur demandant de me faire parvenir les papiers nécessaires pour qu'ils n'aient pas à faire le trajet à cause d'une simple signature. Je ne reçus jamais de réponse. J'appelai le notaire au bout de quelques semaines, qui m'informa avoir reçu une lettre signée au nom de tous, lui demandant quels étaient leurs droits en matière de succession. Le notaire ne pouvait rien leur répondre d'autre que ce que je leur avais déjà expliqué. Je reçus entre temps une carte de ma grand-mère, qui me parlait de la pluie et du beau temps comme si rien ne s'était passé. Et en PS, juste ces mots : « Pour le notaire, ne t'inquiète pas, nous nous en occupons. » Je savais très bien qu'ils ne pouvaient rien faire. Mon frère et moi ayant renoncé à l'héritage, ils devaient maintenant se débrouiller seuls pour ne pas en hériter. Il était clair pour moi que je ne m'occuperais plus de rien. Leur manque de confiance me laissait pantois, et la carte d'anniversaire que ma grand-mère m'envoya quelques mois plus tard pour mon anniversaire resta sans réponse.
Je repris donc les cours début février. Ils devaient s'achever en mars, et il me fallait trouver un stage en entreprise à partir du mois d'avril pour valider mon diplôme. Dès les cours terminés, je quittai définitivement l'appartement que je partageais avec Vincent pour aller vivre chez François à S. Par chance, j'avais été accepté à la Cinémathèque de Toulouse pour réaliser le sous-titrage de deux films. Je travaillerais de chez moi, les locaux de l'association ne permettant pas de m'accueillir. Je me servirais de l'ordinateur de François, et achetai un magnétoscope pour pouvoir travailler sur les films.
François n'avait pas abandonné son idée de retourner dans le Nord. Il y avait vécu plus de dix ans et ne pensait qu'à y repartir, ne supportant plus la région de son enfance. J'étais prêt à le suivre sans hésiter. Aussi fort que soit mon attachement aux différentes régions dans lesquelles j'avais vécu, je n'avais jamais éprouvé le moindre mal à couper les ponts pour changer d'horizon.

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